Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) rappelait à l’occasion de la COP 24 de Katowice les conséquences du dérèglement climatique, et notamment les risques associés à un dépassement au-delà de 1,5°C de réchauffement par rapport aux niveaux préindustriels. Notre modèle de société alliant une production et une consommation de biens et services toujours plus intenses et des durées de vie des produits plus courtes dans certains secteurs, pose la question de sa viabilité à moyen terme : il épuise les ressources naturelles et accroît au même rythme nos productions de déchets et de nuisances affectant le climat, la diversité biologique et, de façon générale, les équilibres naturels donc la stabilité même des sociétés humaines.
Dans son évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques (2019), la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) alerte sur l’érosion actuelle de la biodiversité et des services écosystémiques qui y sont associés, alors qu’ils sont essentiels à la vie sur terre et dans les océans. Toutefois, l’IPBES estime qu’il est encore possible d’inverser la tendance, à condition de mener à bien des changements systémiques – « transformationnels » – des modèles, objectifs et valeurs de nos systèmes économiques, sociaux et politiques.
Pour répondre au défi climatique, la France se mobilise d’une part pour la réduction des consommations énergétiques et la sobriété carbone, et ce dans différents secteurs : mobilité et transports, architecture et bâtiment, industrie, nouvelles technologies, gestion des déchets. Elle s’engage également résolument dans la transition vers l’économie circulaire. D’autre part, au-delà de l’atténuation du changement climatique, les effets du dérèglement climatique s’intensifient et le renforcement de nos capacités d’adaptation constitue en enjeu de taille : repenser les villes pour y limiter les émissions de gaz à effet de serre (les villes sont responsables de 70 % des émissions de CO2) et les îlots de chaleur urbains, adapter les pratiques agricoles et des ressources en eau et en sol, lutter contre la déforestation et promouvoir la gestion durable des forêts, préserver la biodiversité et notamment les aires marines protégées, encourager l’utilisation des ressources naturelles et renouvelables en substitution d’autres matériaux ou énergies... Plus largement, la préservation de la biodiversité constitue un axe prioritaire eu égard à la richesse exceptionnelle des ressources terrestres et marines de la France, principalement présentes dans les outre-mer.
Enfin, la transition écologique se doit d’être « juste » et doit également participer au renforcement de la cohésion sociale, à la réduction des inégalités sociales (précarité énergétique, mobilité…) et à la proposition d’alternatives aux salariés qui voient leurs activités menacées.
Les orientations évoquées sont aujourd’hui inscrites dans des politiques nationales à mettre en synergie : la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) actuellement en cours de révision, le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, le projet de loi d’orientation des mobilités, les stratégies nationales de lutte contre la déforestation, la stratégie nationale bioéconomie, le plan rénovation énergétique des bâtiments (2018), la Feuille de route pour une économie circulaire (FREC) et son volet agricole (2018), la loi sur l’eau (2006), le plan et la loi Biodiversité (2016), la révision de la stratégie nationale en matière d’aires marines protégées 2020-30, et le 2ème Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (2018) qui devront être mises en œuvre en cohérence avec l’Agenda 2030.
Priorité 2.1 : Créer un dispositif légal et contraignant sur les objectifs de sobriété carbone, d’économie des ressources naturelles, d’économie circulaire et d’adaptation au changement climatique.
Pour opérer une transition vers de nouveaux modèles, les transformations sont telles qu’il convient de formaliser et partager des objectifs ambitieux, clairs et cohérents avec l’ensemble des politiques, notamment la politique sociale.
Priorité 2.2 : Concevoir et encourager les nouveaux modèles durables de consommation, de production et d’approvisionnement économes en ressources naturelles, sobres en carbone et circulaires.
La raréfaction des ressources rend nécessaire l’élaboration de nouveaux modes de productions plus vertueux. Des changements de comportements et de pratiques sont également indispensables de la part de l’ensemble des parties prenantes et des secteurs d’activité : agriculture, mobilité, bâtiment, biens de consommation…
Priorité 2.3 : Accélérer la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, en s’appuyant sur les connaissances de la dynamique des écosystèmes.
Il est urgent d’agir, en témoigne la tenue de la COP 15 sur la biodiversité fin 2020 à Pékin. La France, pays riche de sa biodiversité, agit pour la préservation de ce patrimoine commun et l’adaptation aux impacts déjà perceptibles du dérèglement climatique, notamment au travers de son plan et de sa loi Biodiversité.