Agrandir la figure 1935
À l’échelle mondiale, cette crise engendre la première hausse de la pauvreté de la décennie avec 71 millions de personnes supplémentaires touchées par l’extrême pauvreté en un an et de pertes économiques directes qui atteignent 19,9 milliards d’euros [1]. Le niveau de PIB par habitant a chuté de 4,2 % en 2020 [2] et une perte de 114 millions d’emplois dans le monde [3]. La situation mondiale du logement est alarmante avec 24 % de la population mondiale logée dans des taudis [4] et 14 % de la population européenne dans des logements précaires [5]. Avec la crise, 1,6 milliard de travailleurs informels risquent de perdre leurs moyens de subsistance [6].
Au niveau international, plusieurs méthodes mesurent l’avancement des ODD, telles que le SDG (Sustainable Development Goals) Index score publié par UN-SDSN (Sustainable Development Solutions Network) en collaboration avec la Fondation Bertelsmann et Cambridge University Press ou l’étude OCDE de 2019 « measuring assistance to the SDG targets » et, au niveau européen, les bilans d’Eurostat.
Selon le rapport SDSN de 2021, qui reprend 91 des 169 cibles des ODD et 113 des 232 indicateurs onusiens, la France occupe la 8e place vers l’atteinte des objectifs des ODD, avec la Finlande, la Suède et le Danemark toujours en tête du classement [7].
La France connait des progrès notables sur les Objectifs de développement durable, d’après ce rapport, et est en voie d’atteindre trois objectifs sur 17 d’ici 2030 (ODD1 sur la pauvreté, ODD5 sur l’égalité des sexes et ODD9 sur industrie, innovation, infrastructures). La France a un score proche de l’optimum pour l’ODD4 « Éducation » et 7 « Énergie propre », et également un très bon score sur 3 « Santé et bien-être » et 11 « Ville durable ». Le pays doit néanmoins encore accélérer ses efforts sur les objectifs 12 à 15 liés aux actions pour le climat et la biodiversité [8].
Le rapport SDSN donne des pistes d’amélioration, dont celle d’aider les pays en développement à aligner leurs plans de relance sur les ODD ainsi que le soutien au multilatéralisme pour faire face aux pandémies, au changement climatique et à la crise de la biodiversité. Il confirme certaines de ces tendances tout en privilégiant un niveau d’exigence national indépendant de la comparaison avec d’autres pays.
La France est globalement bien classée et figure parmi les 15 pays les plus avancés de l’Union européenne (UE) vers l’atteinte de l’Agenda 2030. La France est, en 2018, l’un des pays de l’OCDE avec le plus faible taux d’inégalités, après redistribution [9] [10] [11] c’est- à-dire après prélèvements obligatoires directs et prestations sociales. Le nombre de personnes en situation de pauvreté est réduit par cette redistribution de 14 millions à 9,3 millions de personnes [12].
Les valeurs pour l’Europe et la France données respectivement par le rapport Eurostat [13] 2021 et SDSN 2021 [14] indiquent cependant que, malgré une espérance de vie élevée, les enjeux de santé restent prégnants, en particulier pour les personnes en précarité, et l’accès à l’emploi difficile, en particulier chez les jeunes.
Au sein de l’Union européenne, la poursuite de l’objectif de lutte contre la pauvreté [15] a permis la réduction considérable de certaines formes de pauvreté. Pour autant, l’amélioration de l’indicateur combiné du « risque de pauvreté et/ou d’exclusion sociale » a été jusqu’à présent trop lente pour mettre l’UE sur la bonne voie pour atteindre son objectif de sortir au moins 20 millions de personnes de cette situation d’ici 2020. En 2018, il restait 109,2 millions de personnes, soit 21,7 % de la population de l’Union européenne, menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale [16].
Les tendances relatives aux inégalités au sein des États membres de l’UE indiquent une stagnation globale des inégalités de revenus entre les différents groupes sociaux. Toutefois, l’écart entre les zones urbaines et rurales en matière de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale tend à se réduire.
Un point d’attention en matière d’inégalités concerne la situation des femmes dans le monde, qui s’est dégradée au cours de la pandémie liée à la Covid-19 avec le constat que le temps consacré aux tâches domestiques a encore augmenté, ce qui a contraint certaines femmes à réduire ou abandonner leur activité professionnelle. La forte représentation de femmes, qui a pu atteindre 70 % [17] parmi les professionnels de la santé « en première ligne » pendant la crise, illustre un quotidien particulièrement difficile pour ces métiers à bas salaires, souvent exercés dans des familles monoparentales [18]. La proximité imposée aux familles par le confinement a eu pour conséquence une hausse des violences domestiques atteignant 30 % dans certains pays et a également atteint les enfants. La pandémie a également privé certains enfants défavorisés de repas équilibrés et on dénombre 369 millions d’enfants dans le monde qui n’ont pas eu accès aux repas fournis par l’école durant cette période [19].
Éléments positifs, au sein de l’UE les salaires des femmes rattrapent lentement ceux des hommes, et la part des femmes dans les parlements nationaux et dans les postes de direction des plus grandes sociétés cotées en bourse a considérablement augmenté. Cependant, beaucoup plus de femmes que d’hommes restent économiquement inactives en raison de l’inégal partage des tâches domestiques et responsabilités familiales. L’écart d’emploi entre les sexes reste préoccupant tant pour l’ensemble des personnes en âge de travailler entre 20 et 64 ans que pour les nouveaux diplômés (20 à 34 ans). Dans l’ensemble de l’UE en 2020, le taux d’emploi des hommes (78,1 %) reste sensiblement supérieur à celui des femmes (66,8 %) [20].
La représentation des femmes dans les instances de décision en France, notamment au sein de la sphère économique, a connu l’évolution la plus marquée de l’Union européenne [21]. Les améliorations ont été particulièrement remarquables dans le secteur privé : au cours de la dernière décennie, la représentation des femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées en bourse a atteint 42 % en 2017, contre 7 % en 2005 [22].
Afin de faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes au niveau mondial, la France a développé plusieurs actions prioritaires, détaillées dans sa troisième stratégie internationale pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2018-2022) [23]. Elle mène une « diplomatie féministe » qui porte au plus haut niveau les droits des femmes dans les instances internationales et incite tous les pays à adopter des politiques en faveur de l’égalité. Elle mène une campagne pour la ratification de la convention d’Istanbul afin d’harmoniser les législations sur la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle promeut l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité » des Nations unies afin notamment de renforcer la protection des femmes dans les zones de conflits armés et assurer leur pleine participation dans les processus de prévention et de résolution des conflits. En 2021, la France a co-organisé avec le Mexique et sous l’égide d’ONU Femmes, le Forum Génération Égalité qui a permis de mobiliser, au travers de six coalitions d’action concrètes, des engagements ambitieux de la part des États, de la société civile féministe et du secteur privé en faveur de l’égalité de genre. La France est également très active dans la promotion des droits des femmes et des filles au sein de l’ensemble des instances onusiennes (AGNU, CDH, CSW, etc.) et européennes, notamment en soutien au 3e plan d’action « genre » de l’Union européenne pour son action extérieure (GAP III). Depuis la Conférence de Paris sur le climat – lors de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2015 (COP21) - la France soutient la pleine inclusion des femmes à la table des négociations internationales sur le climat et la biodiversité. Guidée par le nouveau plan d’action genre (GAP) quinquennal adopté en 2019 à la COP25 par l’ensemble des pays signataires de la CCNUCC, elle travaille à renforcer les capacités des femmes en matière de leadership dans le domaine de la lutte contre le changement climatique et à faciliter l’accès des organisations de femmes aux financements verts.
Elle finance des projets concrets en faveur de l’égalité à travers l’aide publique au développement (APD). D’ici 2022, 50 % de l’APD seront dédiés à des projets qui contribuent à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. En juillet 2020, un fonds de 120 millions sur trois ans a été créé, le Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF), pour soutenir des projets d’organisations de la société civile féministes. Elle soutient la société civile à l’international.
À travers de nombreuses opérations, la France s’engage pour la paix, la sécurité, l’état de droit et la lutte contre les inégalités. Elle mène des opérations de lutte contre le terrorisme sur son territoire, mais aussi au Levant et dans la bande Sahélo-Saharienne. Elle accompagne notamment les opérations de maintien de la paix de l’ONU ou de l’Union européenne au Liban, au Mali et en République centrafricaine, contribue aux opérations de réassurance de l’Otan en Europe de l’Est afin de garantir la sécurité de ces pays. À ces opérations de moyen ou long terme s’ajoutent des opérations plus ponctuelles d’aide aux populations affectées par des catastrophes sur le territoire national ou à l’étranger.
Par le déploiement de plus de 30 000 militaires français ou dans le cadre du partenariat militaire opérationnel auprès des forces de défense et de sécurité (FDS) de pays en crise ou fragiles, les armées françaises facilitent le travail des organisations internationales, des ONG et des autorités locales pour lutter contre l’extrême pauvreté. À travers la combinaison des actions militaires, de développement, de stabilisation et humanitaires, la France apporte une aide directe aux populations les plus touchées par les conséquences des conflits.