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L’élément essentiel à la vie humaine et animale est notre ressource en eau. L’eau est une priorité dont l’accès en toute sécurité est assuré à 97,9 % [1] en métropole en 2019. Malgré tout, à ce jour, 2,1 % de la population, soit 1,4 million d’habitants de la métropole, bénéficient seulement d’accès à des services d’assainissement « de base » (élémentaires) [2]. Si l’assainissement collectif est conforme à 97,6 % en 2017, des efforts restent à fournir pour l’assainissement non collectif dont le niveau de conformité n’atteint que 58,4 % [3]. En particulier, un effort considérable reste nécessaire en outre-mer avec 82 % de la population de Mayotte et 40 % de Guadeloupe encore non raccordée. De plus, 1,8 % de la population n’a toujours pas un accès à l’eau selon la norme réglementaire [4].
La crise de la Covid-19 a révélé l’urgence vitale de l’accès à l’eau et à l’assainissement, alors que se laver les mains à l’eau et au savon est devenu un geste vital et souvent difficile pour les plus démunis et sans abris [5]. La loi « engagement et proximité » votée en décembre 2019 prévoit des moyens à disposition des collectivités locales pour rendre abordable le coût de l’eau potable par des tarifications « sociales » ou aides ciblées mais actuellement, ces dispositifs ne s’adressent qu’aux collectivités volontaires, peu nombreuses. Par ailleurs, lors du premier confinement à partir de mars 2020, l’insuffisance de l’accès à l’eau et à l’assainissement des personnes en habitat précaire, comme les SDF ou les migrants, a ajouté pour certains une difficulté à respecter les gestes barrières, malgré les solutions transitoires mises en place par les collectivités. Au total, la situation globalement satisfaisante de la France sur ces deux aspects de l’accès à l’eau et de l’assainissement, ne doit pas masquer des carences graves dans certains territoires ou pour certaines populations fragiles.
La ressource en eau dépend aussi des réserves naturelles, c’est pourquoi une attention particulière doit être portée aux nappes phréatiques. Au plan quantitatif, les niveaux de recharge des nappes phréatiques à l’automne hiver 2020-2021 sont majoritairement en hausse, signe positif [6]. Cependant, au plan qualitatif, une vigilance s’impose sur les rejets qui résultent des engrais agricoles, en particulier les nitrates, et les rejets domestiques et industriels dégradent les environnements aquatiques par eutrophisation. Le phénomène de marées vertes touche, notamment, la moitié nord-ouest de la France [7]. Cet exemple montre la nécessité d’une approche systémique pour le développement durable qui prenne en compte davantage de transversalité dans les politiques sectorielles, comme ici l’influence des rejets polluants agricoles sur les ressources d’eau potable.
La part protégée du patrimoine naturel aquatique a significativement augmenté en quinze ans [8] [9]. Toutes les façades maritimes de la France métropolitaine font maintenant l’objet d’une approche systémique [10]. L’aggravation de la pollution des océans par le plastique qui menace les espèces doit néanmoins attirer notre attention. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire [11] et la loi « Egalim » prévoient de réduire l’utilisation du plastique à usage unique, une des principales causes de pollution des milieux aquatiques. La Directive-cadre sur l’eau adoptée en 2020, impose un cadre législatif européen de protection des eaux douces, saumâtres et salés, superficielles et souterraines, de « transition » et côtière pour lutter contre cette pollution.
À titre d’exemple, la Marine nationale s’inscrit dans cette démarche de préservation en promouvant une gestion spécifique des déchets en mer et leur retour à quai. Elle a fêté le 25 juin 2021 les 10 ans de son label « Passeport Propre », créé pour valoriser la démarche écoresponsable des équipages volontaires. La Marine préserve également la biodiversité marine par de nombreuses actions de sensibilisation telles que les opérations « rade propre » ou le nettoyage des plages à Brest.
Un autre élément vital caractéristique des « limites planétaires » [12] est l’air que nous respirons. La qualité de l’air dans les grandes villes est globalement en amélioration, les mesures rapportent une baisse substantielle des dépassements du seuil réglementaire des particules fines, passé de 31,4 % en 2011 à 0,7 % en 2019 [13], taux qui se rapproche des taux observés dans les villes moyennes, et qui résulte d’efforts sur les secteurs polluants (résidentiel, transports, industrie). Cependant, des pics de pollution sont toujours observés.
La qualité de l’air est régulée par les arbres et, à ce titre, les forêts qui couvrent plus du quart de notre territoire jouent un rôle essentiel [14]. La France possède un riche patrimoine naturel et il est à noter que les forêts françaises ont doublé en un siècle et couvrent 31 % de la surface nationale avec 16 millions d’hectares ce qui représente 10 % de la surface boisée européenne [15] dont 74 % appartiennent à des propriétaires privés [16]. Les forêts françaises permettent de séquestrer [17] 70 millions de tonnes (au regard de 8 milliards de tonnes dans le monde) [18] de CO2 chaque année, soit 20 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES). Les arbres souffrent du changement climatique, d’un manque d’eau et d’attaques d’insectes, mais la forêt est un régulateur important de CO2 par la capacité des arbres à absorber le carbone pendant leur phase de croissance. Les forêts en gestion durable permettent ainsi de stocker du CO2 sur le long terme et de replanter des arbres jeunes, puits de carbone.
Cependant, les forêts françaises restent fragiles face au changement climatique. Un plan de remplacement des essences menacées, par des espèces plus résistantes au changement climatique, est en cours, ainsi qu’un dispositif en faveur du renouvellement forestier dans le cadre du plan de relance [19].