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Plus de femmes que d’hommes dans le supérieur mais pas dans les filières qui mènent aux meilleures rémunérations.
Encore trop d’inégalités sociales - presque 3 fois plus d’enfants de cadres en études supérieures que d’enfants d’ouvriers.
Si la France présente une amélioration progressive de ses résultats en matière de lutte contre le décrochage scolaire au sein de l’UE, des inégalités de genre persistent. En effet, les jeunes hommes sont plus nombreux que les jeunes femmes à quitter les études initiales sans diplôme : les sorties précoces du système scolaire touchent davantage les garçons (9,6 %) que les filles (6,9 %) en 2019 [1]. En outre, si les étudiantes sont plus nombreuses que leurs homologues masculins dans le supérieur, elles ne se trouvent pas dans les filières qui mènent aux meilleures rémunérations et aux postes d’encadrement supérieur. Enfin, la France compte 48,7% [2] de femmes parmi les étudiants des disciplines scientifiques à l’université en 2020 et seulement 40 % des étudiants de l’ensemble des formations scientifiques de l’enseignement supérieur sont des femmes (2015-2016) [3].
La recherche d’un meilleur équilibre hommes-femmes dans les filières constitue un enjeu de taille pour permettre, in fine, d’atteindre une réelle égalité professionnelle entre les sexes mais également de permettre l’autonomisation économique des femmes et la réduction des écarts de salaires injustifiés. La France s’est donc dotée, en matière de mixité des métiers, d’objectifs chiffrés [4] : un tiers des métiers doivent être mixtes d’ici 2025 contre 12 % [5] en 2014. En 2020, 20% [6] des métiers sont mixtes (métiers où l’autre sexe est présent à hauteur d’au moins 40 %).
Le secteur numérique constitue un levier de croissance majeur au regard de son poids économique et de ses perspectives d’innovation où les femmes sont peu représentées. Alors que 56 % des lycéennes sont des filles en terminale générale en 2020, elles choisissent peu la spécialité numérique et sciences informatiques (NSI) ou sciences de l’ingénieur (SI) et ne représentent donc plus que 13 % des élèves ayant choisi ces filières [7]. Les pouvoirs publics travaillent à renforcer la mixité dans ce secteur à travers différentes actions. La sensibilisation des filles aux métiers du numérique a tout d’abord été accentuée en milieu scolaire. Depuis 2015, le déploiement du parcours « Avenir en collèges et lycées » permet aux élèves de bénéficier d’activités et de temps spécifiques de découverte ou de formation en milieu professionnel. Le parcours porte une attention particulière au développement de la mixité filles-garçons dans les métiers du numérique. La formation des jeunes femmes aux métiers du numérique a par ailleurs été renforcée. En 2015, la Grande école du numérique a été créée. Ce groupement d’intérêt public délivre un label à des formations aux métiers du numérique dispensées en France métropolitaine et dans les territoires ultramarins. Il rassemble aujourd’hui plus de 750 formations. Le dispositif vise à ce que 30 à 50 % des bénéficiaires des formations soient des femmes.
Au-delà des questions de genre, le système d’enseignement français est régulièrement pointé du doigt pour son caractère reproductif des inégalités sociales. Celles-ci se retrouvent et s’accentuent de l’école primaire à l’enseignement supérieur, tant dans les évaluations que dans les choix d’orientation. À titre d’illustration, il y a 2,9 fois plus d’enfants de cadres faisant des études supérieures que d’enfants d’ouvriers [8]. La classe de troisième est devenue un moment clé dans l’orientation des jeunes [9]. Alors que les enfants des catégories défavorisées forment 42 % des élèves au collège, toutes sections confondues, ils ne représentent plus que 31 % des élèves de seconde générale et technologique. Inversement, la part des enfants de milieux très favorisés est de 20 % au collège, mais est de 28 % en seconde générale et technologique. Aujourd’hui, seule 20 % de la population dispose d’un niveau de diplôme supérieur [10] (supérieur à Bac + 2).
Ces inégalités ont été accentuées, dans le contexte de la crise sanitaire, conduisant l’État à lancer un plan jeunes « 1 jeune, 1 solution », à travers le plan national de relance et de résilience, pour l’emploi des jeunes (doté de 7,2 Md€) en juillet 2020. Ce plan a été complété par une aide financière de 500€ [11] pour les jeunes en difficulté, notamment ceux qui bénéficient de l’accompagnement intensif des jeunes (AIJ) et ceux qui recherchent un premier emploi.
Bien que la France ait enregistré des progrès dans l’accès à l’éducation en améliorant l’accès à la scolarisation des élèves en situation de handicap, de nombreuses difficultés subsistent pour les familles concernées, car les solutions supposent la mobilisation de moyens humains et financiers très importants.
Concernant la gestion de la crise sanitaire, les conséquences sur les étudiants du supérieur ont été importantes. Selon une étude publiée en septembre 2020 par l’Observatoire de la vie étudiante et portant sur le premier confinement, 31 % des étudiants ont présenté des signes de détresse psychologique dans cette période. Nervosité (34 % des étudiants), tristesse et abattement (28 % souvent ou en permanence), découragement (16 % souvent ou en permanence) en étaient les symptômes les plus visibles. Trois catégories d’étudiants sont particulièrement touchées : ceux qui rencontrent des problèmes financiers (46 % contre 24 % de ceux qui n’en ont pas), les étrangers (43 % contre 29 % chez les étudiants français) et les étudiantes (36 % contre 25 % des étudiants). Selon un sondage Ipsos pour le syndicat étudiant FAGE [12], 84 % d’entre eux considèrent que le confinement a provoqué un décrochage dans leurs études.
Enfin, en matière d’éducation au développement durable, si la sensibilisation a été renforcée en 2019 avec la création des éco-délégués, la manière dont est vécu le rôle d’éco-délégué est encore disparate, notamment lorsque l’établissement n’est pas encore engagé dans une démarche de développement durable. De même, si les programmes scolaires ont été ajustés pour renforcer les enseignements relatifs au changement climatique, à la biodiversité et au développement durable, l’interdisciplinarité indispensable pour aborder l’Agenda 2030 et les 17 Objectifs de développement durable (ODD) se heurte à l’organisation disciplinaire des savoirs et de la transmission des savoirs. [13]
Dans l’enseignement supérieur, l’intégration du développement durable se traduit surtout par des formations portant sur la transition écologique, entendue comme la lutte contre le changement climatique, l’adaptation au changement climatique, la prise en compte de l’environnement et la transition énergétique. Des progrès seront encore nécessaires pour réinterroger et faire évoluer certains savoirs traditionnels, métiers et méthodes au regard du développement durable [14].
Enfin, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a confié à Jean Jouzel, Directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et membre éminent du GIEC, la présidence d’un groupe de travail dont l’objectif est d’examiner la question de la sensibilisation et de la formation aux grands enjeux de la transition écologique, pour l’ensemble des étudiants de notre système d’enseignement supérieur. Un premier rapport a été remis au ministre, publié en mars 2021. Dans ce rapport, le groupe de travail recommande à la ministre qu’à « brève échéance, 100 % des étudiants sortant de l’enseignement supérieur en formation initiale, aient été formés aux enjeux, voies et moyens de la transition écologique ». Une consultation nationale étudiante du réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES) (ex Refedd) publiée en 2020 indique qu’à ce jour, 69% [15] des étudiants qui ne suivent pas une formation liée à l’environnement entendent très peu, voire pas du tout, parler de ces notions durant leurs études.