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Seulement 0,7 % de la population française doit renoncer aux soins pour raisons financières.
Le bio représente en 2020 : 8,5 % des surfaces agricoles, 15 % des surfaces en 2022
+ 13 % entre 2018 et 2019 d’exploitation agricoles "certifiées bio".
2e plus grande surface bio de l’Union européenne.
Agir pour la santé, c’est non seulement avoir accès aux soins mais aussi être en capacité d’éviter de tomber malade. Le système de couverture de santé universelle, assuré par la Sécurité sociale en France, permet, comme on l’a dit, un très bon accès aux soins relativement aux autres pays du monde. En France, une faible part de la population métropolitaine doit renoncer à ses traitements médicaux pour raisons financières (seulement 0,7 % de la population en 2019), ni même à ses soins moins essentiels et moins remboursés par la sécurité sociale tels que les soins dentaires (2,9 % de la population en 2019) [1].
La France continue d’investir significativement dans la recherche et développement : les crédits budgétaires publics de recherche et développement (R&D) pour la santé ont doublé depuis 2018 (passés de 906 millions d’euros en 2018 à 1 852 millions d’euros en 2020) [2]. Même si la crise sanitaire a souligné combien l’articulation entre financements privés et publics était décisif, il s’agit là d’un effort important de l’État.
Ce système de santé, associé aux progrès constants de la médecine grâce aux travaux de recherche, a permis à l’espérance de vie des Français d’augmenter continuellement ces dernières années [3] comme mentionné plus haut. D’autres raisons de cette augmentation se trouvent dans le travail de pédagogie engagé par l’État, contre les addictions ou en faveur d’une alimentation saine. L’accent est mis sur la prévention, la lutte contre les inégalités socio-économiques dans l’accès aux soins et la prise en compte du grand âge [4].
Agir pour la santé requiert également de lutter contre les inégalités sociales, économiques, territoriales, d’éducation ou d’accès à l’information. Pour parvenir à cette fin, l’État a mis en place le plan national de santé publique « Santé 2022 ». Le Haut Conseil de santé publique note une bonne cohérence entre ce plan et la Stratégie nationale de santé d’une part, et les ODD d’autre part [5]. Il comporte des mesures sanitaires obligatoires (extension de l’obligation vaccinale), des incitations vers des comportements vertueux (hausse du prix du tabac pour atteindre 10 € le paquet de cigarettes à fin 2020) ainsi que des mesures de lutte contre les renoncements aux soins (accord « 100 % santé » permettra par exemple d’améliorer l’accès aux audioprothèses et la prise en charge du déficit auditif). Ces campagnes de prévention semblent porter leurs fruits, notamment celles relatives aux maladies sexuellement transmissibles puisque les découvertes de séropositivité ont chuté de 8 % entre 2013 et 2018 [6]. On observe également une diminution tendancielle des habitudes de vie nocives, notamment concernant le tabagisme (données d’avant la crise sanitaire) : on dénombre en 2019 24 % de fumeurs contre 28,5 % en 2010 [7].
Cela va dans le sens de la tendance mondiale puisque le tabagisme a baissé de 33 % dans le monde depuis 2000.
Aussi, les progrès techniques en termes de sécurité dans les automobiles, couplés au recul de la consommation d’alcool, première cause d’accidents au volant, ont également permis une réduction des accidents mortels de la route de 6,3 % entre 2015 et 2019 [8].
Tendre vers une bonne santé, c’est également assurer des conditions de vie décentes et dignes pour les plus âgés. L’État s’est attelé aux problèmes engendrés par le vieillissement de la population française. Après une large concertation mise en œuvre entre l’automne 2018 et le printemps 2019 (« rapport Libault »), une réforme de la prise en charge du grand âge et de l’autonomie est en cours d’élaboration pour la fin du quinquennat. Elle a pour objectif d’améliorer l’offre de soins, tant à domicile qu’en établissement médico-social, en assurant une prise en charge équitable, en visant plus particulièrement les personnes les plus modestes et en allouant davantage de moyens de financement. Enfin, l’État a défini sa stratégie 2020-2022 de mobilisation et de soutien en faveur des aidants [9] qui accompagnent au quotidien leurs proches en situation de perte d’autonomie.
Améliorer la santé des personnes, c’est agir pour le bien-être, aussi bien physique que psychique. Sur ce dernier point, on observe une stagnation des indicateurs de satisfaction globale qui culminent à 7,3 sur 10 : de 2010 à 2019, les personnes affichent en moyenne un niveau de satisfaction dans la vie de 7 sur une échelle de 0 à 10. Les répondants utilisent majoritairement la partie haute de l’échelle puisque plus de 80 % des interrogés déclarent une satisfaction supérieure à 5 sur 10 [10].
On observe une légère baisse des décès par suicide. Les hommes sont néanmoins davantage touchés que les femmes (21,9 suicides pour 100 000 habitants en 2016 contre 27,6 en 2011 chez les hommes et 5,9 suicides pour 100 000 habitants en 2016 contre 8 en 2011 chez les femmes) [11]. L’importance accordée à la santé mentale, notamment dans le milieu du travail à travers les différents plans santé travail, peut expliquer la tendance à la baisse.
Ces deux indicateurs sont, cependant, le reflet du bien-être psychique des Français avant la crise sanitaire : les conséquences de cette dernière pourraient conduire à des inflexions défavorables.
Une bonne santé suppose également d’avoir un accès suffisant à une nourriture de qualité, comme à l’eau. La population bénéficie d’un accès satisfaisant bien qu’inégalitaire, à ces ressources essentielles. Grâce à sa géographie favorable et son potentiel agricole valorisé, les défis français pour l’Agenda 2030 comparativement à d’autre pays, portent davantage sur l’amélioration de la nutrition des Français que sur l’insécurité alimentaire.
À travers le lancement du 4e Programme national nutrition santé [12] (PNNS) en 2019, l’État entend améliorer l’état de santé de la population en agissant sur la nutrition, en particulier grâce à de bons réflexes pour mieux manger et bouger. Cela passe notamment par le déploiement de Nutri-Score, y compris en restauration collective afin de permettre à chacun de faire un choix éclairé. Le site manger-bouger.fr, les campagnes de recommandations à manger « 5 fruits et légumes par jour », ainsi que les outils pédagogiques à destination des élèves de la maternelle au lycée concourent tous à améliorer l’éducation nutritionnelle de tous et lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires de la « malbouffe » qui entraînent la malnutrition.
Les problèmes d’accès à une eau conforme aux standards sanitaires, en France semblent également être à la marge puisque près de 98 % des Français étaient desservis par une eau conforme (tant pour la microbiologie qu’au niveau physico-chimique) en 2019 [13]. Il reste un point d’inquiétude dans la mesure où la non- conformité, bien que faible, augmente.
Maintenir une bonne santé des personnes, c’est limiter les atteintes qu’un environnement dégradé peut avoir sur elle. On connaît aujourd’hui l’impact des pollutions, de l’air, des sols ou des milieux aquatiques sur la santé du vivant, aussi bien sur les animaux et plantes que nous consommons, que sur la vie humaine. La France déploie donc des efforts pour assurer un environnement sain à sa population.
À ce titre, par une approche transversale et interministérielle, la France s’attache à définir des politiques en santé environnement ambitieuses en mobilisant l’ensemble des leviers d’actions disponibles. En effet, l’OMS estime que les facteurs environnementaux (agents chimiques, physiques, biologiques) contribuent à 23 % des décès dans le monde [1]. En regard, le 4e plan national santé environnement (PNSE 4), piloté par les ministères de la Santé et de l’Écologie et publié le 7 mai 2021, propose des actions concrètes pour permettre à chacun d’évoluer dans un environnement favorable à sa santé. Ce plan prévoit quatre axes prioritaires d’ici 2025 : mieux former et informer les populations, dont les plus vulnérables et les professionnels, sur les liens entre santé et environnement (notamment grâce à l’étiquetage des produits de consommation), réduire les expositions environnementales affectant notre santé (qualité de l’air intérieur, bruit, nanomatériaux, radiofréquences et ondes électromagnétiques, sites et sols pollués, nuisances lumineuses dont la lumière bleue, etc.), accompagner les collectivités pour construire des politiques de santé- environnement dans les territoires et enfin, poursuivre les efforts de recherche pour mieux comprendre les liens entre la santé et l’environnement et mieux caractériser l’exposome, c’est-à-dire l’ensemble des expositions tout au long de la vie.
La transversalité de ce plan nécessite la participation de nombreux ministères : Santé, Écologie, Agriculture, Recherche, Enseignement supérieur, Éducation nationale, Économie, Travail, etc. L’approche « Une seule santé » est intégrée dans ce plan, compte tenu des interactions fortes entre la santé humaine et animale.
En complément, la France s’est aussi dotée de plans et/ou stratégies spécifiques afin de
tenir compte des enjeux attachés à chaque facteur environnemental et des attentes sociétales. On peut citer la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (2019), le plan radon (2020), le plan chlordécone (2021), le plan national d’adaptation au changement climatique (2018), le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA, 2017), etc., tous contribuant au plan « Priorité, prévention » du ministère de la Santé et faisant intervenir plusieurs ministères.
Enfin, assurer une bonne santé à la population, c’est revoir nos activités économiques, nos modèles de production et de consommation et nos systèmes agricoles pour assurer une alimentation saine, sûre et durable. La transition agroécologique prévue par les nouvelles directives de la politique agricole commune (PAC) fixe un cap pour la France partiellement amorcé par les efforts en vue de l’augmentation de la part des produits biologiques et le plan biodiversité de 2018. En effet, l’agriculture biologique qui représente 8,5 % des terres agricoles progresse en France (8 % dans l’Union européenne). On dénombre 2,3 millions d’hectares cultivés, localisés à 60 % en régions PACA, Occitanie et Corse [14] avec un objectif de 15 % de la surface agricole utile en agriculture biologique en 2022 [15] (selon le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, ce taux atteindrait en fait 12,5 % en 2022, ce qui reste néanmoins le double de 2017). De plus, l’adoption d’un « plan de développement de plantes légumineuses » a pour objectif d’accroître l’indépendance alimentaire française et répondre au besoin de protéines journalier [16].
L’agriculture biologique aide à la conservation des sols et des ressources hydriques. Ces vingt dernières années, elle s’est développée en France, notamment grâce aux « aides à la conversion » et « aides au maintien » ou encore aux crédits d’impôt accordés aux exploitants agricoles se lançant dans l’agriculture biologique pour compenser les coûts d’investissement importants et ses pratiques parfois peu compétitives sur le marché. De 2018 à 2019, le nombre d’exploitations agricoles certifiées en bio a augmenté de 13 %, faisant de la France le pays ayant la deuxième plus grande surface bio d’Europe [17]. Le plan « Ambition bio 2022 » mise notamment sur la restauration collective pour diffuser le bio, en garantissant une part de 20 % de ces produits en restauration collective publique pour 2022. La restauration collective publique doit également atteindre un minimum de 50 % en produits de qualité certifiés par des labels [18].