Patricia Saraux, réseau français Villes-Santé de l’OMS
Lylian Le Goff, France Nature Environnement
Apports de la discussion :
Les villes présentent une échelle intéressante pour adapter les Objectifs développement durable au niveau local, et en particulier pour intégrer la santé dans les politiques publiques. Travailler avec des partenaires diversifiés (agences régionales de santé, universités, métropoles…) est indispensable et les contrats locaux de santé sont des leviers intéressants pour fédérer ces acteurs. L’action ne peut se faire sans associer les citoyens à l’élaboration des projets : « ce que l’on fait sans eux, on le fait contre eux ».
Au-delà de l’hérédité, notre santé dépend principalement des environnements et styles de vie. C’est pourquoi les villes ont un rôle primordial à jouer et accompagnent la santé du citoyen « sans le soin mais jusqu’aux soins ». Ce sont en particulier les villes bienveillantes à l’égard des populations les plus vulnérables, qui préservent leur dignité par des initiatives telles que le maintien de bains-douches municipaux ou les maisons pluriprofessionnelles de santé, qui influencent le bien-être et la santé physique et mentale de tous. Les aménagements urbains, les jardins partagés, en sont une autre illustration : ils éveillent la curiosité et reconnectent les citadins à la nature. Les potagers font prendre conscience de l’importance de consommer des aliments sains et naturels.
L’alimentation, déterminante pour la santé, doit retrouver un équilibre entre protéines végétales et animales, à la fois pour la santé et le budget. Les produits végétaux sont riches en éléments protecteurs (fibres, antioxydants). De plus, ils sont moins onéreux, ce qui permet de manger bio sans surcoût, en limitant le gaspillage alimentaire, comme le prouvent de plus en plus de restaurations collectives. Une alimentation mieux équilibrée protège contre les maladies de surcharge, cardiovasculaires et nombre de cancers, mais elle est également déterminante pour l’enjeu 2, en réduisant les GES avec une économie de ressources (terres cultivables, eau). Si l’on prend en compte tout le cycle d’approvisionnement, 36 % des GES sont liés à notre assiette. On peut les diviser de moitié en adoptant une alimentation à dominante végétale, bio et locale. C’est l’illustration du concept « d’une seule santé » : l’interdépendance de la santé humaine avec la préservation de l’environnement, de la biodiversité et du climat.
La Stratégie nationale sur les protéines végétales vise l’autonomie fourragère d’ici 2030 mais seuls 3 sur 100 millions d’euros sont investis dans le développement les cultures de légumineuses. Il serait stratégique de favoriser davantage l’équilibre entre protéines animales et végétales pour l’alimentation humaine avec un « plan global protéine ».
La transition durable du secteur agro- alimentaire passe aussi par la généralisation des systèmes alimentaires territorialisés. Ils répondent à la nécessité de relocaliser les productions agricoles adaptées aux territoires et aux besoins des populations. L’étude prospective « Ville vivrière » documentée par l’Agrocampus de Rennes recommande de préserver ou recréer des ceintures périurbaines, vertes et agricoles, de qualité, véritables auréoles nourricières, permettant un approvisionnement de proximité, compatibles avec de larges espaces de surface agricole utile pour l’agriculture de rente traditionnelle.