Ce chapitre présente les effets induits par la pandémie et les points d’attention qui subsistent pour aider les personnes les plus fragiles à traverser la situation de crise, tels que : le soutien à l’emploi, l’accès à un logement décent pour tous, l’aide au maintien du pouvoir d’achat dans un contexte de crise économique, l’accompagnement des victimes et des familles dans les tensions intergénérationnelles qui ont été exacerbées par la crise sanitaire et dans les violences faites aux femmes.
Priorité 1.1 - Ne laisser personne de côté, et assurer l’accès aux droits fondamentaux et services essentiels à chacun
Une priorité d’action vise à améliorer les situations difficiles rencontrées par les jeunes et les étudiants et mises en évidence par la crise sanitaire.
Certains ont pu se retrouver isolés, dans des logements exigus, qu’ils soient étudiants ou en recherche d’emploi, sans revenus, et souvent en grande précarité financière avec d’autres fragilités. Les chiffres de 2020 communiqués par une association d’entraide étudiante indiquent que 31 % d’entre eux se trouvaient alors fragilisés psychologiquement. La situation apparaît confirmée par une hausse de 40 % d’appels de détresse enregistrés en 2020 [1] et la multiplication par trois de la fréquentation des épiceries solidaires proches des campus.
L’État a dans ce sens renforcé drastiquement sa mobilisation sur la santé mentale des étudiants en mobilisant conjointement de nombreuses actions pour améliorer la prévention, le soin, et les secours en santé mentale : le dispositif Santé psy étudiant a été mis en place en mars 2021. Il permet aux étudiants de bénéficier jusqu’à huit séances chez un psychologue sans avance de frais, grâce à la mobilisation de plus de 1 200 psychologues, partout sur le territoire national. Plus de 147 000 consultations ont été assurées dans ce cadre [2].
À noter que les tensions intergénérationnelles ont également été un sujet nouveau sur l’agenda lors de la pandémie. Comme le relevait le Haut-commissariat au plan, le virus a affecté plus durement les personnes âgées et les a contraints d’une part, à un isolement qui pesait psychologiquement, et d’autre part à repousser des soins considérés comme moins prioritaires. Les jeunes, moins touchés par les manifestations graves du virus, ont pu se sentir contraints de sacrifier plusieurs années au profit des populations plus à risque. La crise de la Covid-19 a également aggravé les inégalités face à la maladie avec une mortalité plus élevée chez les personnes en situation de précarité [3]. Les chiffres de l’Insee rapportaient 668 800 décès en 2020, soit 55 500 de plus qu’en 2019 avec un impact inégal sur les territoires. Ces chiffres ont diminué par la suite : 660 136 décès sont survenus en 2021. Outre les épisodes de mortalité liés à la pandémie de Covid-19, le nombre de décès augmente tendanciellement depuis une dizaine d’années en raison de l’accroissement et du vieillissement de la population.
En matière de logement, plus de 65 % de la population est éligible au logement social en France, étant entendu qu’une partie d’entre eux est propriétaire de leur logement. L’objectif est pour l’État de loger des personnes ou des familles qui ont des ressources trop faibles pour le faire dans le parc privé. La politique en matière de logement social vise également à favoriser la mixité sociale dans les quartiers et à réduire les inégalités territoriales. Enfin, elle participe au logement ou au relogement de personnes en situation d’hébergement ou de grande précarité. Les organismes HLM, en contrepartie d’aides publiques directes et indirectes, construisent et gèrent des logements sociaux pour des publics ayant des ressources inférieures à des plafonds et appliquent des loyers plafonnés. Chaque année, l’État détermine les niveaux de ressources et les niveaux de loyers en HLM. Au titre de la mixité sociale, les communes ont également des obligations de construction de logements sociaux, selon leur taille et le niveau de tension du marché locatif.
Il faut noter également la problématique de la précarité énergétique [4], en métropole et en outre-mer – dont les besoins portent sur le rafraîchissement, qui est particulièrement saillante, encore plus dans un contexte inflationniste. La précarité énergétique touchait déjà en 2020 10,5 % de la population française soit 3 millions de ménages [5]. En 2021, c’est pour 84 % des Français que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation majeur selon le président de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), une préoccupation qui est par ailleurs la plus importante chez les 18‑34 ans. Une enquête réalisée par l’ONPE [6] sur des ménages en situation de précarité énergétique montre que les problématiques rencontrées par ces ménages sont à la croisée à la fois de revenus modestes voire instables/déséquilibrés, et de logements énergivores sur le plan de leur état thermique. La rénovation lourde des logements est alors avancée comme le principal levier pour sortir les ménages de la précarité énergétique. Le dispositif MaPrimeRénov’ ouvert depuis le 1er janvier 2020 est devenu la principale aide de l’État à la rénovation énergétique. Le dispositif est renforcé en 2023 [7].
Priorité 1.2 - Faire de la lutte contre les discriminations, notamment, femmes/hommes, une priorité des sphères publiques et privées
Outre les difficultés psychologiques, des actions ont été prises sur la formation et l’insertion des jeunes sur le marché du travail. En 2019, parmi les sortants de formation initiale, 5 % encore n’avaient aucun diplôme, soit 36 000 jeunes [8] [9]. La situation antérieure à la crise liée à la pandémie de la Covid-19 montrait cependant une dynamique positive puisque la proportion de jeunes de 15 à 24 ans ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation avait baissé à 11,4 % en 2020 contre 12 % en 2015 [10]. L’emploi des jeunes reste une priorité du gouvernement, notamment avec le plan « 1 jeune, 1 solution » déployé dans le cadre du plan de relance. Entre mi-2020 et mi‑2021, 1,8 millions d’entrées ont été comptabilisées sur ce dispositif, une hausse de 41 % sur un an [11]. L’État mise aussi sur la refonte des dispositifs d’accompagnement vers l’emploi des jeunes permise par le Contrat d’Engagement Jeune [12], avec l’objectif d’atteindre 400 000 bénéficiaires dès 2022 [13].
Le taux d’emploi des jeunes reprend sa progression après avoir conjoncturellement baissé au second trimestre 2020, perdant 1,7 point. Mi-2021, le taux d’emploi rattrape celui observé au premier trimestre 2020, et atteint au troisième trimestre 2022 le plus haut taux depuis que l’Insee le mesure (1975).