Bien que le système de santé français soit universel, les taux importants de non-recours aux soins viennent diminuer son efficacité. Ce phénomène peut s’expliquer par une mauvaise réception des informations, la complexité d’accès aux aides ainsi que l’effet stigmatisant du recours à l’aide ressenti par certains. La France connaît également des inégalités territoriales en matière d’offre des services de santé requis pour atteindre l’objectif de « bonne santé ». Enfin, les pollutions environnementales peuvent être concentrées dans des régions spécifiques et réparties de manière disparate.
Priorité 4.1 - Permettre à chacun d’avoir un accès aux soins facilité et structuré
Si en France, la couverture santé est universelle, le taux de non-recours aux prestations sociales est important. Il est évalué à 50 % pour la complémentaire santé solidaire [1], qui permet aux personnes ayant les revenus les plus faibles de bénéficier d’une couverture santé quasiment gratuite (selon les ressources du foyer) et remboursant la grande majorité des frais médicaux (médecin, dentiste, infirmier, hôpital, médicaments, etc.). Cette aide, née en 2019 de la fusion entre la couverture maladie universelle complémentaire et l’aide au paiement d’une complémentaire santé, n’a eu qu’un impact limité sur l’amélioration du taux de recours. Afin de poursuivre les efforts en ce sens, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 a prévu une automatisation de l’accès à la complémentaire santé solidaire aux bénéficiaires de minimas sociaux qui y seraient éligibles compte tenu de leurs ressources.
Les mêmes inégalités s’observent face au non-recours à l’aide alimentaire (cf. infra). Il est estimé qu’elle devrait concerner environ 5,5 millions de personnes en France. Pourtant, cette démarche, souvent complexe et méconnue, peut être perçue comme stigmatisante. Seules 2 millions de personnes en bénéficient effectivement [2]. Pour lutter contre le non-recours, l’État expérimente depuis 2018 [3] des méthodes de datamining [4] pour cibler et contacter des allocataires potentiellement éligibles à certains droits.
Améliorer la santé des personnes, c’est agir pour le bien-être, aussi bien physique que psychique. Sur ce dernier point, les indicateurs de satisfaction globale dans la vie stagnent depuis 2010 autour de 7 sur une échelle de 0 à 10 [5]. Les problèmes de santé mentale ont augmenté, particulièrement chez les jeunes. Un syndrome dépressif a été détecté au moins une fois chez près d’une personne sur quatre entre mai 2020 et juillet 2021. Chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, cela concernait plus de 4 femmes sur 10. De fait, la consommation de médicaments psychotropes a augmenté depuis la pandémie et les tentatives de suicide chez les jeunes sont en hausse depuis la fin de l’année 2020 [6] . La France s’est engagée pour améliorer l’accès aux soins en santé mentale, notamment avec le dispositif MonPsy, entré en vigueur en 2022, qui prévoit un remboursement intégral de séances d’accompagnement psychologique dans le cadre d’un parcours de soins simplifié.
Le manque d’informations, d’accès à l’éducation pour des raisons économiques et/ou de temps (cumul d’emplois, heures supplémentaires, horaires décalés, migrations pendulaires importantes, famille nombreuse) creusent d’autres inégalités de santé. La France reste encore très touchée par le tabagisme et l’alcool, particulièrement dans certains groupes sociaux. Ces habitudes en baisse restent supérieures à la moyenne européenne. L’obésité est en augmentation, notamment chez les jeunes en métropole et en outre-mer, comme au niveau international où le phénomène est en hausse, concernant un quart des populations de pays à revenus élevés [7].
Le manque d’accès à l’information et à l’éducation alimentaire ainsi qu’un manque de moyens financiers peuvent expliquer un plus fort taux de personnes en surpoids/obèses ou de conduites à risque (tabac, alcool) parmi les populations les plus défavorisées. En 2019, la part de personnes obèses est 2 à 3 fois plus élevée parmi les personnes non diplômées ou titulaires d’un certificat d’études que parmi les titulaires d’un diplôme de niveau bac+3 ou plus. En 2017, un enfant d’ouvrier en classe de troisième a plus de deux fois plus de risque d’être en surpoids qu’un enfant de cadre du même âge. Pour l’obésité, cette différence est encore plus importante puisque, en classe de troisième, c’est 7,5 % des enfants d’ouvriers qui souffrent d’obésité, contre 2,7 % des enfants de cadres [8] . On observe plus d’habitudes de vie défavorables à la santé dans les populations les moins favorisées, et ceci a un impact direct sur leur espérance de vie. Entre 2012 et 2016, parmi les 5 % les plus aisés, dont le niveau de vie moyen est de 5 800 euros par mois, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 84,4 ans. Parmi les 5 % les moins aisés, dont le niveau de vie moyen est d’environ 500 euros, l’espérance de vie à la naissance des hommes est de 71,7 ans [9] . Pour lutter contre ces disparités, différentes stratégies nationales mettent l’accent sur la prévention, via par exemple le PNNS 2019-2023, le programme national pour l’alimentation (PNA) 2019-2023 et le plan Priorité prévention mis en place en 2018. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 se veut également volontariste, avec la mise en place de rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie.