Priorité 6.1 - Promouvoir le développement durable comme fondement nécessaire de la stabilité internationale
Depuis 2021, la politique d’aide au développement française est définie par la loi de programmation et de développement solidaire (LOP-DSLIM). Elle inscrit notre action internationale dans le cadre multilatéral que s’est fixé la communauté internationale avec l’Agenda 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur le climat, ainsi que dans le cadre de la politique européenne de développement.
La lutte contre le changement climatique et la détérioration de la biodiversité, la prévention des pandémies, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, la crise des systèmes éducatifs, ainsi que l’accès à l’eau, la recherche d’une égalité de genre, ou encore la stabilisation et le développement durable des zones fragiles, sont autant de priorités fortes pour la France. La préservation de ces biens publics mondiaux est à la fois une condition et un accélérateur du développement, au bénéfice des populations.
Les ODD servent de cadre de référence et de boussole à l’action internationale de la France. L’alignement des flux financiers sur les ODD guide l’approche de l’État et de ses opérateurs, en particulier le Groupe Agence française de développement (AFD), pivot de la mise en œuvre de nos projets d’aide au développement, avec une ambition élevée s’agissant de l’alignement de son activité sur les ODD.
L’action en faveur du climat et de l’environnement est naturellement une priorité cardinale de notre action extérieure. Depuis la 21e Conférence des parties (COP21) qui s’est tenue en 2015 à Paris [1], la France perpétue son engagement sur tous les champs de la diplomatie climatique. Elle soutient des coalitions multiacteurs (États, collectivités locales, société civile, secteur privé) [2].
La France met sa diplomatie au service de ses partenaires les plus exposés aux effets du changement climatique, notamment en Afrique, et œuvre pour renforcer la finance- climat, afin que tous les pays puissent se doter des technologies et des pratiques les plus efficaces pour réduire leurs émissions et s’adapter au changement climatique. À titre d’exemple, la France fait partie des principaux contributeurs au partenariat pour une transition énergétique juste, conclu avec l’Afrique du Sud, qui visera à soutenir le pays dans la décarbonation progressive de son économie, par un important soutien financier et technique de plusieurs pays bailleurs. La France soutient également l’initiative Grande muraille verte (GMV) [3] en Afrique subsaharienne [4].
L’Agence française de développement et les ODD
L’Agence française de développement (AFD) s’est dotée d’un cadre innovant pour assurer la prise en compte transversale de la durabilité dans ses opérations de financement. Créé en 2014, le dispositif « analyse et avis développement durable » (AADD) est aujourd’hui la clé de voûte qui assure l’alignement des opérations de l’AFD aux ODD.
Cet outil repose sur trois principes :
Accroître les impacts et impulser des projets transformationnels : Il s’agit de garantir la conception de projets de qualité, à impacts positifs, qui intègrent le principe fondamental de « ne pas nuire » ;
Favoriser les synergies entre ODD : l’AADD interroge systématiquement la capacité des projets à répondre aux défis environnementaux, sociaux et économiques, tout en tenant compte de la gouvernance, tenant ainsi pleinement compte des interactions entre ODD ;
Promouvoir des réponses adaptées à chaque contexte : grâce à une analyse nuancée des enjeux propres à chaque territoire, le dispositif dépasse une approche quantitative des contributions aux ODD. Il tient ainsi compte des problématiques d’accès à la donnée, auxquels de nombreux secteurs ou géographies sont confrontés.
Le Groupe AFD publie par ailleurs un rapport d’activité et de responsabilité sociétale (RARES) qui rend compte de sa contribution aux ODD. En 2021, le groupe AFD a ainsi financé plus de 1 000 projets dans plus de 150 pays en faveur des ODD, pour un montant total de 12,15 milliards d’euros.
La France, qui participe à l’ensemble des discussions multilatérales sur le sujet, s’est engagée à porter ses financements publics en faveur du climat dans les économies en développement de 3 milliards d’euros en 2015 à 5 milliards d’euros en 2020. Cet objectif avait été atteint et dépassé dès 2019. Depuis, elle a relevé et prolongé son engagement pris lors de la COP21, le portant à 6 milliards d’euros par an entre 2021 et 2025, dont un tiers pour l’adaptation. La France tient ses engagements : en 2021, elle a mobilisé milliards d’euros dont milliards d’euros pour l’adaptation.
La France est investie dans les instances multilatérales en faveur de la protection de la biodiversité. Alors que 75 % des milieux terrestres et 40 % des écosystèmes marins sont fortement dégradés, et que le rythme de disparition est 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d’extinction, une action résolue de la communauté internationale est impérative. La France s’engage dans ce sens dans les enceintes multilatérales. Lors de la COP15 en décembre 2022, elle a soutenu, aux côtés de ses partenaires européens, l’adoption d’un cadre mondial pour la biodiversité avec des engagements emblématiques, tels que la réduction de moitié des risques liés aux pesticides et aux excès d’intrants, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés et la protection de 30 % des terres et de 30 % des océans d’ici 2030 (30x30). La France a également organisé en janvier 2021 le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Par ailleurs, la France copréside avec le Costa Rica la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples (HAC N&P) qui, forte de ses 117 membres, a joué un rôle clé dans l’adoption de la cible du « 30x30 » [5].
La biodiversité occupe également une place importante dans notre APD. Les engagements français dédiés à la biodiversité sont passés d’une moyenne annuelle de 105 millions d’euros sur la période 2006-2010 à 2,3 milliards d’euros en 2021. L’AFD a pris l’engagement de consacrer en 2025 1milliard d’euros à la biodiversité [6], ce qui représente un doublement par rapport à 2019 [7]. Ainsi, la France est déjà alignée avec l’objectif de doublement des financements internationaux demandé aux pays développés d’ici 2025 dans le cadre pour la biodiversité de Kunming-Montréal.