Tania Chauvin - Chargée de projet sénior au sein de l'ONG « Electriciens sans frontières »
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Présentation rapide de la structure
Electriciens sans frontières, ONG de solidarité internationale, lutte depuis 1986 contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau
dans le monde. Grâce à l’implication de nos 1 200 bénévoles et à nos partenariats avec des acteurs locaux, nous favorisons le
développement économique et humain en utilisant les énergies renouvelables.
- Pourquoi êtes-vous venus au FPHN ?
Nous avons eu la chance d’être invités à parler depuis la chaire France pour témoigner de notre expérience de projets d’accès à l’énergie, dans le cadre de la session dédiée à l’Objectif de Développement Durable 7. L’occasion pour nous de faire entendre notre voix en tant qu’ONG et en tant qu’acteur spécialiste de l’énergie, avec plus de 35 ans d’expérience dans les zones rurales hors réseau à travers le monde.
- Que souhaitez-vous défendre ?
A mi-parcours de l’agenda 2030 pour les ODD et de l’objectif des 1.5°, les crises actuelles (inflation, guerre en Ukraine, démultiplication des évènements climatiques extrêmes) menacent les progrès faits à date, tout en soulignant l’importance d’une transition verte durable. Certaines zones, comme le Liban, l’Ukraine connaissent aujourd’hui un recul de l’accès à l’énergie avec des conséquences dramatiques pour les populations. Et malgré d’importants progrès, au rythme actuel, 675 millions de personnes resteront sans accès à l’électricité en 2030, la très vaste majorité en Afrique subsaharienne, dans les zones rurales les plus défavorisées. Les plus vulnérables sont également les premiers touchés par les catastrophes climatiques. Pour connecter le dernier km de manière durable, pour que cette transition soit la plus juste et inclusive possible, il nous faut associer aux volontés politiques/étatiques et aux forces du secteur privé la mobilisation des acteurs de la société civile afin de ne laisser personne de côté.
- Avez-vous des actions ou propositions concrètes en faveur de l’Agenda 2030 ?
Des solutions propres et abordables existent, et nous les portons à notre petite échelle : micro réseaux communautaires, électrification des centres de santé, des écoles, pompage solaire pour améliorer l’accès à l’eau mais aussi pour plus de récoltes. Elles doivent être soutenues de manière bien plus importante, c’est un enjeu de justice. C’est le message que nous portons auprès des États, des décideurs du secteur privé, et des partenaires de la société civile.
Intervention : Electriciens sans frontière
« Mesdames et messieurs,
En tant qu’ONG de solidarité internationale mobilisant les compétences de milliers de bénévoles issus du secteur de l’énergie français depuis plus de 35 ans, nous sommes honorés d’avoir été invités à rejoindre la délégation française pour cet évènement crucial de l’Agenda 2030.
Nous avons vu l’attention croissante portée à l’énergie, devenue un Objectif à part entière en 2015 et plus récemment entendu les appels du Secrétaire Général Mr Antonio Guterres à une révolution des énergies renouvelables pour je cite « l’action climatique, la sécurité énergétique et pour fournir de l’électricité propre aux centaines de millions de personnes qui en sont actuellement privées ». Nous nous réjouissons également que leur financement pour les pays en développement et émergents soit en tête des priorités de la stratégie française d’investissement solidaire, annoncée par Emmanuel Macron à l’issue du conseil présidentiel du développement le 5 mai dernier.
En tant qu’ONG, nous pouvons contribuer aux échanges en portant la voix d’un acteur de la société civile qui mène chaque année une centaine de projets dans les zones rurales isolées du réseau électrique à travers le monde.
Au Sahel, nous appuyons la diffusion à bas prix de pompes solaires, avec un suivi dans la durée, pour les petites et petits maraichers. Ils sont les premiers à subir les impacts du changement climatique, rendant la pluviométrie irrégulière, alors qu’ils n’y ont pas contribué. Les pompes leur permettent de ne plus en dépendre pour l’irrigation, de faire plus de récoltes, et donc d’améliorer leur résilience, dans une démarche d’adaptation. Les impacts sont là et mesurés : pour les femmes ce sont des corvées d’eau divisées par 4, et ce sans polluer. Mais à l’achat, une pompe solaire est plus couteuse qu’une motopompe. Alors il est essentiel de subventionner les plus vulnérables, les plus pauvres pour qu’ils puissent en bénéficier. C’est ce que nous mettons en place, avec des ONG locales, et en appuyant un opérateur privé à cibler ce public
Pour fournir de l’énergie propre aux 675 millions de personnes qui en sont encore privées, principalement situées en Afrique subsaharienne, il faut certes les capacités du secteur privé pour la diffusion à large échelle de kits solaires, de mini réseaux, pour répondre aux besoins individuels, ceux du foyer, mais, pour ne « laisser personne de coté », il faut également des micro réseaux électriques communautaires, qui proposent une gamme de services, adaptés aux moyens de chacun, y compris des plus pauvres. Nous identifions actuellement des modèles économiques vertueux qui permettent de prendre en charge les couts de l’accès à l’énergie pour les services publics que sont l’école, le centre de santé au sein du village. Nous le voyons sur place, c’est par l’amélioration de ces services difficilement rentables que l’énergie peut réellement transformer le développement humain et social des communautés.
Enfin, lorsque nous intervenons en réponse à une situation d’urgence, nous cherchons à « mieux reconstruire », et là aussi nous sommes persuadés que les solutions renouvelables décentralisées sont une réponse pour : sécuriser l’accès à l’énergie des services essentiels, mais aussi pour réduire les factures d’énergie et contribuer à la décarbonation du mix énergétique, c’est ce que nous avons mis en place à la Dominique suite à l’ouragan Irma, au Liban après l’explosion du port de Beyrouth, et bientôt en Ukraine.
Mesdames et messieurs, il est encore temps d’inverser la tendance, et d’assurer un accès universel à une énergie propre et abordable d’ici 2030. Pour que cette transition soit la plus juste et inclusive possible, il nous faut associer aux volontés politiques, étatiques et aux forces du secteur privé la mobilisation des acteurs de la société civile. Je vous remercie. »
Mercredi 12 juillet - 15h – 18h, CR 4
ODD en point de mire : L’ODD 9 et ses liens avec les autres ODD
– Industrie, innovation et infrastructure
(Comment promouvoir le développement industriel, l’innovation et l’infrastructure durable pour passer à la vitesse supérieure en matière de redressement, de résilience et de promotion des objectifs de développement durable).
Intervention : Pacte Mondial réseau France - Nils Pedersen - Délégué général