Gouvernement
L’Agenda 2030 en France
Le site des objectifs de développement durable (ODD)
Publié le 18 juillet 2022
À l’International
Le Forum politique de haut niveau (FPHN) est un forum intergouvernemental annuel au cours duquel les pays examinent et rendent compte des progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable. Le FPHN 2022 aura lieu du 5 au 15 juillet, sous le thème : Reconstruire en mieux après la maladie à coronavirus (COVID-19) tout en faisant progresser la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Discours de Mme Leïla Benali, Présidente de la 6ème session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement et Ministre en charge de la Transition énergétique et du développement durable du Maroc La prise de parole de la présidente fait suite aux réunions de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement durant le 1er semestre 2022 afin de présenter au HLPF les premières contributions formulées. Mme. Leïla Benali a tout d’abord évoqué les difficultés que la pandémie et la situation géopolitique actuelle ont causé pour la protection de l’environnement ainsi qu’en matière de réalisation des ODD. L’Assemblée a, dans cette perspective, défini des politiques prioritaires avec une dimension transversale. Comme l’a illustré la pandémie, “la Science doit conduire” les décisions publiques en matière environnementale et nous devons partager les connaissances. Il faut aussi garantir des infrastructures vertes avec la promotion d’une consommation naturelle et durable dans le cadre d’une économie circulaire. Une lecture par le prisme des écosystèmes est nécessaire. Nous devons aussi nous attaquer à la pollution plastique avec notamment le souci des océans. Pour cela, il faut renforcer la législation environnementale ainsi que nos politiques tant au niveau national que global. Il est aussi nécessaire d’approfondir la gouvernance environnementale en garantissant la délibération publique et la justice. “Il faut prendre des décisions actives pour riposter face au changement climatique, face à la perte de la biodiversité, face à la pollution.” “C’est notre décennie d’action.”
Pour la Chine, Huang Runqiu, Ministre de l’Ecologie et de l’Environnement, « nous devons avancer de manière unie sur la cause environnementale. Nous devons passer à des économies durables à faible poids carbone. » Le ministre a présenté les différentes priorités avec notamment la mise en place d’un organe de la transition énergétique au sein d’un dispositif national et subdivisé au niveau local. La Chine appelle à la construction d’une communauté mondiale du développement, initiative qui est aujourd’hui soutenue par 100 Etats membres.
Pour l’Egypte, Hala Helmy el-Saïd, Ministre de la planification et du développement économique, se félicite de l’adoption à l’échelle locale des ODD et encourage cette pratique qu’elle qualifie de « principe cardinal ». 32 indicateurs pour 11 ODD sont actuellement étudiés à l’échelle locale en Egypte, en incluant les communautés locales dans cette entreprise. « Notre réponse globale requiert des mesures ambitieuses et immédiates ». L’Egypte a enfin soulevé la problématique des hauts niveaux de dette souveraine dans les pays en développement.
Pour l’Autriche, Leonore Gewessler, Ministre fédérale du Climat, de l’Environnement, de l’Énergie, des Mobilités, de l’Innovation et de la Technologie, a présenté l’initiative du Forum de Dialogue qui va être organisé en 2023 autour des ODD par un ensemble d’acteurs locaux, nationaux et internationaux. L’Autriche a mis en avant deux mesures phares que sont a) le soutien auprès de plusieurs pays pour faire face à la pandémie de Covid-19 et b) une aide humanitaire et logistique apportée à l’Ukraine et ses ressortissants. La Ministre a également présenté les différentes réformes fiscales et sociales qui ont soutenu la mise en œuvre de ces actions.
Pour l’Allemagne, Christine Lambrecht, Ministre fédérale de la Justice, de la Protection du consommateur, a réaffirmé le soutien de l’Allemagne à l’initiative COVAX dans les pays en développement. L’Allemagne a déclaré avoir une approche féministe, afin de promouvoir les droits et l’inclusion des femmes mais aussi des minorités. La ministre s’est également félicitée de la récente décision du G7 afin d’œuvrer en faveur de la sécurité alimentaire à une échelle globale. « Nous devons œuvrer sur l’intégralité des chaînes de valeurs et en priorité sur la problématique du plastique ». L’Allemagne a enfin réaffirmé le besoin d’une coopération internationale sur ces différents enjeux.
Pour le Pakistan, Ahsan IQBAL, Ministre de la Planification, du Développement et des Initiatives spéciales a souligné la triple crise qui frappe les pays en développement : la crise sanitaire, la crise écologique et celle liée aux différents conflits. L’inflation est également un danger pour ces économies et pour la mise en œuvre des ODD, avec 60% des pays en développement déjà menacés par leurs niveaux de dette. « Nous devons mettre en place un plan d’urgence afin d’aider ces pays ». Le Ministre évoque le montant de 200 milliards de dollars qui devraient être alloués aux pays en développement dans ce but de soutenabilité de la dette et de mise en œuvre des différentes politiques liées aux ODD.
Pour la Guinée-Bissau, José Carlos Varela Casimiro, Ministre de l’Économie, du Plan et de l’Intégration régionale, a mentionné le fait que la situation socio-économique était difficile mais que la jeunesse du pays était une source d’opportunités. La Guinée-Bissau possède encore peu de données statistiques pour nourrir ses indicateurs de suivi des ODD. Le taux de pauvreté a diminué tout comme la mortalité infantile, même si cette dernière reste parmi les niveaux les plus élevés au monde. L’égalité entre les sexes est constitutionnalisée mais connaît une faible application dans les faits. Le pays a observé une augmentation de la part de son budget consacré à l’éducation ; toutefois les infrastructures restent insuffisantes avec des problèmes de scolarisation persistants. Des améliorations sont envisagées avec le développement d’une politique nationale de l’emploi et la création d’un fonds d’aide au développement ainsi qu’un cadre législatif contraignant pour protéger l’environnement (encadrement de la pêche illégale, application de la loi forestière).
Pour le Gabon, Nicole Jeanine Lydie ROBOTY, Ministre de l’Économie et de la Relance a détaillé l’objectif de l’État d’être un pays émergent à l’horizon 2025 grâce à une économie résiliente et diversifiée, moins dépendante de sa rente pétrolière. Avec près de deux tiers de la population ayant moins de 30 ans, l’éducation est un sujet non négligeable. Le taux d’alphabétisation et de scolarisation est important mais il existe un déséquilibre en défaveur des femmes dans l’enseignement supérieur. Néanmoins, le pays note une forte baisse des violences sexistes et sexuelles déclarées contre les femmes et les postes à responsabilité politique sont en partie occupés par des femmes (présidence de la Cour constitutionnelle et du Sénat). Alors que le pétrole, le manganèse et le bois représentent 80% des exportations nationales, les zones forestières soumises à un système de certification ont presque doublé en 10 ans. D’autres politiques pour la préservation de l’environnement (zones humides, aires protégées) ainsi qu’une législation stricte, comme l’interdiction de l’exportation du bois de grume, ont été mises en place. Enfin, pour sa première revue nationale volontaire le Gabon a utilisé une méthodologie participative, développée en trois phases avec une revue documentaire, une collecte de données statistiques et un rapport sur la mise en œuvre de 5 ODD prioritaires.
Pour les Pays-Bas, Liesje Schreinemacher, Ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement a rappelé l’importance d’une approche intégrée de tous les ODD. Le royaume des Pays-Bas étant composé de 4 pays, la présentation de cette deuxième revue nationale volontaire a associé la ministre à la Première ministre de Saint-Martin, Silveria Jacobs, et une représentante de la jeunesse néerlandaise auprès de l’ONU, Sarah Oey. Le pays note une bonne progression dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 avec des objectifs revus à la hausse et se revendique comme figure de proue de l’UE concernant l’éradication de la pauvreté et la promotion d’un travail décent. Toutefois, l’empreinte environnementale laissée dans d’autres pays est encore trop importante malgré l’aide au développement engagée. Les ODD ne prennent pas le même sens selon les pays. Par exemple, Saint-Martin, situé dans les Caraïbes, est très vulnérable face aux événements climatiques extrêmes. C’est pourquoi d’importants investissements ont été fait en matière de protection et gestion des risques. Outre l’anxiété liée au réchauffement climatique et à la perte de la biodiversité aux Pays-Bas, les jeunes rencontrent des problèmes de santé mentale et de logement. Par ailleurs, la numérisation croissante a fait naître de nouvelles inégalités.
Pour Grenade, l’économie qui reposait initialement sur l’agriculture s’est convertie au profit du tourisme et des services financiers. La mise en œuvre des ODD s’inscrit dans le plan national de développement durable 2020-2035. Concernant l’éducation, un investissement à hauteur de 135 millions de dollars est prévu avec la collaboration d’universités canadiennes pour mettre en place des filières académiques dans les énergies vertes. Le plan national intègre également de manière transversale les enjeux d’égalité des genres avec notamment une dimension de sensibilisation. Le pays fait par ailleurs face à un important taux de chômage. Grenade est aussi très sensible aux effets du changement climatique. C’est pourquoi, un cadre législatif et politique, approuvé par la Banque mondiale, a établi des aires marines protégées et des mesures ont été prises pour mieux protéger les forêts.
Pour la Principauté d’Andorre, Maria Ubach Font, Ministre des affaires étrangères, a présenté la deuxième RNV du pays, qui a été construite pendant un an avec une enquête en ligne impliquant les acteurs des secteurs public, privé et de la société civile. De plus, 72 lois ont été étudiées au regard de 4 ODD et 63 d’entre elles s’avèrent contribuer à la mise en œuvre de ces objectifs. Bien qu’on note des progrès en matière environnementale, d’égalité des genres et de connectivité, Andorre doit encore améliorer la coordination entre ses organisations publiques et le secteur privé pour accélérer la mise en œuvre des ODD. Un plan va être lancé pour obtenir des statistiques complètes en la matière. Des démarches de sensibilisation et de communication vont être également initiées pour répondre à la demande de meilleure implication des jeunes dans ces processus. Le pays se félicite cependant de l’excellence participation des pouvoirs locaux pour l’Agenda 2030. C’est pourquoi, le maire d’Ordino a présenté la réserve de biosphère de l’UNESCO intégrant sa commune, qui représente 20% du territoire d’Andorre. Elle répond à des grands défis dont la consommation responsable de l’eau, la gestion contrôlée des ressources agricoles avec des circuits courts ou encore le tourisme durable. Une étude approfondie et concertée vient aussi d’être lancée pour définir un développement urbain contrôlé.
Pour la Côte d’Ivoire, Nialé Kaba, Ministre du Plan et du Développement, a noté que le pays a connu un fort taux de croissance depuis 10 ans, même s’il s’est réduit suite à la pandémie de Covid. Après sa première revue nationale volontaire en 2019, le pays a continué de s’engager pour l’Agenda 2030 avec différents plans stratégiques et sectoriels. On constate une amélioration de l’éducation tant au niveau primaire que secondaire, notamment des filles, du fait du renforcement de la scolarisation obligatoire. À propos de l’égalité des genres, on compte 63 plateformes contre les violences sexuelles et un système d’alerte a été créé contre les mutilations génitales féminines. Il existe un dispositif d’intégration des personnes handicapées dans la fonction publique. Alors que la superficie forestière a très fortement diminué, 28 millions d’arbres ont été plantés en 2021 dans le cadre d’une politique environnementale active (organisation de la COP15, Abidjan Legacy Program). Le pays mentionne aussi la création d’une première aire marine protégée avec 2700 tortues femelles, ainsi que l’intensification de la lutte contre la pêche illégale.
Pour l’Éthiopie, Fitsum Assefa, Ministre du Plan et du Développement, a indiqué que la Constitution de 1995 intègre déjà les quatre dimensions du développement durable et que les ODD sont inclus dans le plan de développement décennal et le cadre budgétaire national. Le pays présente un faible taux de productivité avec son agriculture vivrière dans un contexte de transition démographique, 65% de la population a moins de 30 ans. Malgré la transition politique de 2018, la guerre au nord du pays et les effets du changement climatique (inondations, sécheresses, invasions de criquets), l’Éthiopie connaît une réduction de son taux de pauvreté, une baisse de la malnutrition, une amélioration du taux de scolarisation et de l’égalité entre les genres. Des institutions fiables et indépendantes ont été également mises en place (commission des Droits de l’Homme éthiopienne, commission de dialogue national). Le pays a en ce sens souhaité présenter des bonnes pratiques comme son grand programme de reforestation (GLP), sa stratégie de sécurité alimentaire et d’irrigation (NWP) ou le fonds d’investissement pour le développement financé par la diaspora.
Pour la Jordanie, Nasser Shraideh, Ministre du Plan et de la Coopération internationale, a annoncé que les deux tiers des objectifs de l’Agenda 2030 ont déjà été réalisés par son pays. À ce propos, presque tous les Jordaniens ont accès à l’eau et à l’enseignement primaire. Avec l’accueil de migrants syriens, la crise de Covid-19 et la guerre en Ukraine, le pays souffre toutefois d’un chômage élevé et de l’augmentation des prix de l’énergie et des produits de base. Or, pour réussir la mise en place des ODD, la Jordanie explique qu’une réponse collective est nécessaire. C’est pourquoi, le royaume appelle à une augmentation de l’aide au développement et au renforcement du commerce interrégional. Le changement climatique a remodelé l’agenda de développement du pays avec le lancement d’un plan de croissance verte. En outre, le ministre était accompagné du maire d’Amman (qui est la première ville arabe à avoir envoyé sa revue volontaire) et d’une représentante d’une ONG. Il s’agissait de l’illustration concrète de la co-construction de la revue nationale volontaire du pays autour de 16 task forces rassemblant de nombreux acteurs.
Pour le Kazakhstan, Alibek KANTIROV, Ministre de l’Economie, a présenté la deuxième RNV du pays, qui a pris en main la réalisation des ODD par le biais d’un conseil de coordination au niveau du Premier ministre. Grâce au soutien de l’Union européenne et de l’UNDP, une plateforme régionale de partage de connaissances sur les ODD a été mise en place en 2021 en Asie centrale. Le développement économique du pays est une priorité, avec des efforts réalisés en matière de salaire minimum et d’emploi des jeunes, même si le Kazakhstan travaille à améliorer sa productivité. Les ONG ont cependant remis en cause la liberté d’expression dans le pays, la corruption systémique, la répression des manifestations et les violences et discriminations contre les femmes et homosexuels.
Pour le Soudan, Dr Gibril Ibrahim Mohammed, ministre des Finances et de la Planification économique, a rappelé que le pays sort de trente ans d’un régime autoritaire avec une situation économique instable, des guerres ethniques et des conflits au sujet des ressources naturelles. Toutefois, le niveau d’éducation de base a augmenté comme le nombre d’écoles. Les mutilations génitales féminines ont été criminalisées en 2020 et le Soudan a approuvé la Convention de 1979 sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard les femmes. Une réforme des institutions environnementales est en cours et une stratégie nationale de la biodiversité est initiée. Le ministre note que l’investissement dans le capital humain et la garantie de la sécurité alimentaire contribuent au ODD. Le Soudan a en ce sens besoin d’une aide de la communauté internationale pour atteindre ces objectifs.
Pour le Sénégal, le Chef de cabinet du Ministre de l’Environnement et du Développement durable, a présenté le Plan Sénégal Émergent qui vise à améliorer la productivité et la compétitivité du Sénégal d’ici 2035 à travers la construction d’infrastructures routières et des améliorations sociales (carte égalité des chances, couverture universelle de santé). L’éducation est au cœur des politiques nationales, représentant 40% du budget de fonctionnement de l’Etat. La proportion de femmes victimes de violences domestiques a diminué, tandis qu’elles occupent près de la moitié des places dans les instances électives. Le Sénégal a augmenté l’étendue de ses aires maritimes protégées et renforcé les sanctions contre la pêche illicite tout en restaurant ses mangroves. Avec le Plan Sénégal Émergent vert, une large partie des forêts (71%) est aussi soumise à une gestion durable des ressources et une agence de la reforestation va être créée. La pandémie de Covid-19 a impacté l’éducation, les revenus de ménages et l’économie du pays.
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