L’enjeu 1 « Inégalités » a été discuté par deux intervenants dans le cadre de la semaine anniversaire de l’Agenda 2030 organisée par le CGDD en septembre 2021
Jérôme Jumel, chef de service, adjoint à la directrice générale de la cohésion sociale, ministère des Solidarités et de la Santé
Marie-Aleth Grard, présidente ATD Quart-Monde
Apports de la discussion :
En France, la grande pauvreté est en augmentation et des inégalités persistent. Certaines ont été aggravées par la crise de la Covid-19, qui a poussé des personnes déjà en situation précaire dans des conditions d’extrême pauvreté. Cette augmentation de la grande pauvreté demande des actions immédiates pour les personnes concernées, dont les droits doivent être respectés.
Les inégalités touchent particulièrement le logement (avec près de 4 millions de personnes mal logées et une baisse de la construction du logement très social) et la scolarité (100 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification chaque année). Les évolutions technologiques génèrent aussi parfois des inégalités : en excluant les personnes précaires qui n’y ont pas accès, le numérique réduit ou empêche l’accès aux droits pour certains. On observe par ailleurs une augmentation du chômage de longue durée et des salariés précaires, dont les jeunes, particulièrement touchés par les conséquences économiques et sociales de la crise.
L’absence de participation citoyenne des plus pauvres est pointée du doigt comme étant l’une des causes du manque d’efficacité de certaines actions menées. La difficulté à toucher les plus précaires peut s’expliquer par une incompréhension de leur situation, souvent insuffisamment considérée et trop peu envisagée dans sa globalité.
Cependant des actions ont été mises en place en France pour lutter contre ces inégalités. C’est le cas notamment en ce qui concerne l’accès à l’alimentation saine pour tous, avec un plan d’actions de transformation de l’aide alimentaire et de lutte contre la précarité alimentaire lancé en juillet 2021 en mobilisant les acteurs impliqués autour d’enjeux identifiés collectivement. On note également une progression concernant la situation des femmes (avec la mise en place de quotas et des mesures concrètes en termes de rattrapage salarial). M. Jumel souligne la redistribution sociale efficace menée par l’État français.
Des mesures ont été prises afin de réduire la grande pauvreté, par l’insertion grâce au travail par exemple.
Une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté a été mise en place avec une simplification du recours aux droits et une contractualisation avec des mesures socles visant à l’harmonisation des prises en charge sur le territoire et une insertion facilitée des jeunes.
Le dispositif « Garantie jeunes » qui permet d’accompagner les jeunes entre 16 et 25 ans en situation de grande précarité vers l’emploi ou la formation, a augmenté ses places de 50 % et le plan « 1 jeune, 1 solution » a été lancé dans le cadre du plan de relance. Selon Mme Grard, des jeunes de milieu très défavorisés ne sont malgré tout pas touchés par tous ces dispositifs.
La situation de crise sanitaire a également donné naissance à de nombreuses initiatives solidaires de proximité. Cet élan de solidarité a été observé sur l’ensemble du territoire français et a réuni des acteurs d’horizons différents, qui ont pu s’appuyer sur la plateforme gouvernementale jeveuxaider.gouv.fr et des aides exceptionnelles de solidarité pendant la crise.