L’enjeu 2 « Modèles économiques sobres » a été discuté par deux intervenants dans le cadre de la semaine anniversaire de l’Agenda 2030 organisée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) en septembre 2021
Grégoire Postel Vinay, responsable des études et de la prospective au ministère chargé de l’Industrie (DGCIS), ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance
Fabrice Bonnifet, collège des directeurs du développement durable (C3D), directeur central Développement durable & QSE, Bouygues SA
Apports de la discussion :
Les défis du climat et de l’environnement sont au cœur des préoccupations du gouvernement, avec 30 milliards du plan de relance dédiés au verdissement de l’économie. Des mesures d’incitation et de régulation sont mises en œuvre dans tous les secteurs de l’activité économique. L’effort fourni pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 2020 et 2030 est cinq fois supérieur à celui d’entre 1990 et 2020.
Au niveau de l’Union européenne (UE), la France a contribué à l’élaboration du pacte vert et dans une perspective de plus long terme, à celle du budget septennal de l’UE : le plus vaste plan de relance jamais financé (2 018 milliards d’euros, dont 401 millions dédiés à la préservation de l’environnement). Durant sa présidence de l’Union européenne, la France entend porter le sujet essentiel de la régulation carbone aux frontières pour éviter les phénomènes de délocalisation.
Le Collège des directeurs du développement durable souligne néanmoins l’écart entre les avancées actuelles en matière de réduction du réchauffement climatique et les ambitions de ne pas dépasser les 1,5 degrés de réchauffement à horizon 2050. Il préconise le transfert des moyens actuellement investis dans les énergies renouvelables vers la rénovation thermique des bâtiments, puisque l’énergie la plus propre reste en effet celle que l’on ne produit pas. Aujourd’hui, on dénombre 247 000 bâtiments rénovés par an (chiffre de l’Anah, 2020), or il en faudrait 700 000 pour atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Optimiser l’utilisation des bâtiments à usage tertiaire est une autre piste d’amélioration au regard des taux actuels d’occupation (entre 15 et 20 %). Une incitation possible serait de récompenser fiscalement les entreprises mettant en place des systèmes de roulement entre occupants.
La même logique de sobriété appliquée à l’économie circulaire est à soutenir : le tri et le recyclage nécessitent de l’énergie et les matériaux s’usent inexorablement à chaque cycle. Ainsi, une économie guidée par le réemploi et la production de produits qui durent plus longtemps est à privilégier autant que possible.
Si la production d’énergie est plutôt décarbonée en France (avec 93 % de la production d’électricité propre), 70 % de notre consommation d’énergie reste cependant d’origine fossile. Transformer le secteur du transport, notamment par le passage à l’électrique, est un des leviers de la transition écologique, qui améliore dans le même temps la qualité de l’air.
À l’échelle planétaire, la France n’est responsable que de 0,9 % des émissions de GES. Néanmoins, montrer l’exemple et les savoir-faire durables nationaux sur notre propre territoire conforte nos capacités à l’export et à influencer positivement les autres États. La France se mobilise d’ores et déjà fortement sur le plan diplomatique pour promouvoir et concrétiser l’Accord de Paris.