La bonne santé est multifactorielle et nécessite une approche multisectorielle, faisant notamment le lien entre renforcement des systèmes de santé, accès à l’eau potable facilité, un environnement sain, une biodiversité et un environnement préservés et donc un système alimentaire/agricole sain et durable.
Les conséquences en termes de politiques publiques sont donc multiples. Ces dernières doivent adresser ces différentes causes pour atteindre les objectifs du développement durable concernés. La « bonne santé » désigne également des réalités multiples. Elle est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le bien-être physique mais également mental et une biodiversité et un environnement préservés et donc un système social.
En outre, la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes sont étroitement reliées : ainsi 60 % des maladies infectieuses humaines existantes et 75 % des pathogènes émergents sont d’origine animale selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et la dégradation de l’environnement et de la biodiversité renforce encore le risque zoonotique. Dans ce contexte, l’approche « Une seule santé », portée notamment par l’OMS, l’OIE, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement, trouve toute sa pertinence.
Au niveau mondial entre 2020 et 2021, la crise sanitaire a eu des répercussions négatives sur les sujets portés par l’objectif de développement durable 3 (ODD3) [1]. Les taux d’incidence accrus de maladie et de mortalité dus à la Covid-19 sont couplés avec des décès dus à d’autres causes par un manque de prise en charge dans des systèmes de santé surchargés. Un léger déclin de la mortalité est observé en termes d’accidents, lié au ralentissement économique et au confinement. La hausse des dépenses de santé a fait basculer des millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Le paludisme, le sida, les vaccinations infantiles, les maladies tropicales ont été négligées avec la crise et pourraient entraîner des centaines de milliers de décès. Une proportion moindre de la population mondiale est couverte par des services de santé essentiels et la couverture universelle pour 2030 n’est pas en bonne voie [2].
Fin 2020, un peu plus de 3 millions de décès sont estimés dus à la Covid-19 par l’OMS, soit 1,2 million de plus que les 1,8 million officiellement signalé, dont environ 110 000 en France en 2021. En 2021, ces estimations ont été revues à la hausse avec 6 à 8 millions de décès depuis le début de la pandémie [3], faute de données consolidées.
La France possède un système de santé singulier tant à l’échelle internationale qu’européenne. Elle se distingue tout d’abord par son important taux de dépenses courantes de santé, s’élevant en 2019 à 11 % de son PIB. Ce taux était alors le 4e plus élevé au monde en 2019 et le 2e au sein de l’UE. Le système de santé français se singularise également par son financement, aux trois quarts sur fonds publics, ce qui est un des taux les plus élevés au monde. Le reste à charge pour les patients est un des plus faibles de l’OCDE et le plus faible de l’Union européenne (UE), s’élevant à environ 7 % en 2019 [4].
Ce système présente de bons résultats comparativement au reste du monde. En 2019, la France se situe au-dessus de la moyenne européenne en matière d’espérance de vie et était le 4e pays de l’OCDE à l’espérance de vie à la naissance [5] la plus élevée [6]. Il s’élevait en 2019 à 85,6 ans pour les femmes (contre 83,6 ans au sein de l’UE) et à 79,7 ans pour les hommes (78,3 ans dans l’UE) [7] .
L’espérance de vie en bonne santé [8] atteignait en 2019, les âges de 64,6 ans pour les femmes et 63,7 ans pour les hommes [9]. La moyenne française est une des plus élevée du monde et se situe pour les femmes au-dessus de la moyenne européenne [10]. Cet indicateur est en constante progression depuis 2014 (+ 0,8 %, soit 0,5 an, pour les femmes et + 0,6 %, soit 0,4 an, pour les hommes) [11].
Pour évaluer le chemin qu’il reste à parcourir aux autres pays du monde, pour atteindre les Objectifs du développement durable, l’OCDE a mis en place des outils statistiques [12]. Selon cet organisme, 10 pays ont déjà atteint l’ODD3 de « Bonne santé » [13]. Pour que la France atteigne cet objectif, il lui reste 18 % de « distance » à parcourir. Elle se place ainsi 14e du classement international. La France et la Pologne sont les deux pays de l’OCDE où les inégalités d’atteinte de l’objectif varient le plus en fonction des villes (ex. : Fort-de France 86 % de distance restante et Caen 8 %). Il reste cependant environ 33 % de « distance » pour la plupart des autres pays de l’OCDE pour atteindre l’ODD3.
[1] Bertelsmann stiftung, SDSN, Cambridge University, Sustainable Development Report 2021 : The sustainable development goals and Covid-19, 2020.
[4] DRESS (ministère des Solidarités et de la Santé), Les dépenses de santé en 2019 - Résultats des comptes de la santé, 2020.
[5] Cet indicateur représente la durée de vie moyenne (autrement dit l’âge moyen au décès) d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année.
[6] OCDE, Données : Espérance de vie à la naissance (site internet), dernière consultation le 27 mai 2021.
[7] Insee, Indicateurs pour le suivi national des objectifs de développement durable, 2021 (ODD3 : « espérance de vie »).
[8] L’espérance de vie en bonne santé traduit le nombre d’années que l’on peut espérer vivre en bonne santé ou en étant bien soigné, c’est-à-dire « sans incapacité au sein de l’espérance de vie ».
[9] Insee, Indicateurs pour le suivi national des objectifs de développement durable, 2021 (ODD3 : « espérance de vie »).
[10] Insee, Indicateurs pour le suivi national des objectifs de développement durable, 2021 (ODD3 : « espérance de vie »).
[13] Cet indicateur inclut des références à la mortalité infantile, mortalité liée aux transports, nombre de médecins en activité, espérance de vie à la naissance entre autres