À l’issue de leur journée d’échanges, les membres de la conférence contributive ont identifié des axes d’action pour favoriser l’atteinte de cet enjeu. La synthèse de leur contribution, telle qu’elle ressort de leurs échanges, est reproduite ci-après, en complément de la Revue nationale volontaire.
- Poursuivre et amplifier les efforts diplomatiques engagés pour une gouvernance économique mondiale plus favorable aux Objectifs de développement durable
L’organisation du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial est une étape majeure pour trouver toutes les solutions innovantes permettant de financer de façon plus rapide et conséquente la transition des pays à revenus intermédiaires et faire avancer la réflexion sur l’évolution des institutions financières internationales afin de mieux soutenir la transition des pays à faibles revenus. Nous recommandons que cette initiative soit soutenue par des efforts diplomatiques continus nécessitant des moyens budgétaires et humains dédiés pour capitaliser sur la dynamique créée après le Sommet de Paris du 22 et 23 juin 2023. Nous recommandons également que cette dynamique intègre pleinement la réflexion soulevée par le Secrétaire général des Nations unies appelant à un « SDG Stimulus » pour contrecarrer la régression ou la stagnation de plus de 80 % des indicateurs de l’Agenda 2030 à cause de la pandémie de coronavirus et des effets de l’agression russe de l’Ukraine. Enfin, nous insistons sur l’importance d’étendre cette réflexion depuis les enceintes financières aux enceintes commerciales, en renforçant les efforts portés par l’Union européenne pour que l’Organisation mondiale du commerce puisse étudier la validité des accords commerciaux internationaux à l’aune de l’Agenda 2030. De façon générale, nous saluons tous les efforts entrepris pour rendre ces espaces internationaux plus inclusifs de la société civile, à l’instar du fonctionnement par groupes majeurs créés aux Nations unies en amont du Sommet de Rio+20 dans la préparation de l’Agenda 2030. - Mobiliser toutes les ressources diplomatiques nécessaires pour défendre une approche européenne de la comptabilité extra-financière fondée sur la double-matérialité
Le développement des normes extra-financières, de calcul comme de transparence, représente une étape décisive dans l’accélération de la transition. Une bataille de normes géoéconomiques est en cours pour définir la meilleure manière de tenir compte des impacts sociaux et environnementaux générés par les organisations. L’approche fondée sur la logique de double-matérialité nous paraît essentielle pour rendre compte au mieux des enjeux dont il est question et créer le système comptable qui posera la base de tous les développements normatifs à venir : fiscalité carbone, police administrative de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), etc. C’est pourquoi nous recommandons fortement que tous les moyens diplomatiques soient mobilisés par la France pour créer une coalition internationale, intégrant nos partenaires européens au premier chef, pour s’assurer que les travaux de préfiguration de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) soient conformes à ces objectifs. - Adapter la politique d’aide publique au développement (APD) pour mieux tenir compte
des particularités locales des bénéficiaires finaux dans l’esprit partenarial de l’Agenda 2030
La Conférence contributive a fait ressortir l’intérêt de faciliter l’accès à l’APD pour les initiatives locales directement en lien avec les ODD par une meilleure prise en compte des besoins et spécificités des bénéficiaires finaux grâce à la connaissance de terrain des organisations de société civile. Nous recommandons également toutes les mesures de nature à flexibiliser l’utilisation des fonds par les organisations de société civile dans le déploiement de leurs projets et à favoriser le transfert de savoirs vers celles-ci afin de renforcer leurs capacités et développer leur autonomie. En la matière, nous encourageons notamment le développement du volontariat international comme un outil puissant de montée en compétences, pour les organisations locales grâce des missions d’expertise. - Renforcer le pilotage politico-statistique de l’Agenda 2030 grâce aux bonnes pratiques internationales existantes
Les ODD ont pour particularité de constituer non seulement un programme d’action avec des cibles claires mais également un système statistique permettant des comparaisons internationales. L’importance politique des études comparatives au moment du Forum politique de haut niveau n’est plus à démontrer. Nous recommandons que le Gouvernement généralise, dans l’évaluation de toutes les politiques publiques relevant de l’Agenda 2030, le recours aux outils développés par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), comme les matrices et fiches de cohérence. Nous recommandons également que le Gouvernement s’approprie les outils développés par certains partenaires internationaux pour évaluer les effets internationaux de certaines politiques publiques (spillover index). Cela est particulièrement attendu pour ce qui relève des émissions de gaz à effet de serre pour aller vers une approche d’empreinte écologique. Nous recommandons enfin que la France s’associe aux autres États membres de l’Union européenne (UE) qui se sont déjà dotés ou qui voudraient se doter d’une telle approche, pour que l’évaluation des ODD à l’échelle de l’UE intègre également ces dispositions. Nous espérons qu’une telle initiative permettra, à terme, de généraliser dans l’UE de telles approches via l’European Sustainable Development Network (Réseau européen de solution durable).