Crédits : Ludovic Mollier (IRD)
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L’interface « science-politique » pour le climat s’est structurée autour du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et de leurs fameux rapports, celle sur la biodiversité autour de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, etc. Qu’en est-il pour celle sur les Objectifs de développement durable (ODD) dont la complexité et l’étendue peuvent donner le vertige ?
Le Rapport mondial sur le développement durable (connu sous son acronyme en anglais GSDR) a été mandaté par les États membres des Nations unies afin de faire le suivi de l’Agenda 2030 pour le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, avec un premier rapport attendu pour fin 2019. Un groupe indépendant de quinze scientifiques et experts internationaux, dont fait partie le Prof. Jean-Paul Moatti - Directeur de l’IRD -, travaille actuellement à la rédaction de ce rapport qui fera le point sur l’état d’avancement du développement durable et sur les trajectoires de transformations nécessaires pour y parvenir. Le rapport aidera à aborder la mise en œuvre de l’Agenda 2030 en mettant en lumière les nouvelles tendances, enjeux émergents, et en servant d’interface entre les connaissances scientifiques et les décisions politiques.
Mercredi 11 juillet, lors d’un évènement en marge de ce FPHN, ces 15 experts, plusieurs États Membres et autres parties prenantes de l’ONU ont pu faire un point d’étape et avoir plusieurs échanges sur la rédaction du rapport.
Les trajectoires de transformations pour réaliser les objectifs de l’Agenda 2030 seront une question centrale abordée par ce rapport, de même que les interactions entre les ODD et leur cohérence politique. Comment ainsi traiter de la protection de la biodiversité sans évoquer l’agriculture, la croissance économique ou les infrastructures, sans prendre en compte le changement climatique, les inégalités ou encore la santé de nos océans ? Les ODD prévoient de répondre aux difficultés croissantes découlant de l’interdépendance entre les dimensions économiques, sociales, environnementales et de gouvernance mais sans véritablement proposer à ce stade de méthode pour ce faire. Définir des trajectoires de développement et les leviers clefs à même de pouvoir dépasser ces contradictions et assurer un développement durable seront au cœur du GSDR.
Pour plus d’info
Jour 2 au FPHN
New-York, mardi 10 juillet 2018
L’après-midi a été consacré à l’ODD7, sur les énergies renouvelables. Peu de spécialistes dans notre groupe sont présents aujourd’hui et des experts sont très mobilisés par ailleurs à Paris par l’anniversaire du Plan Climat et les travaux comité Acte (« Accélérateur de la transition écologique ») mis en place par le ministre. À noter l’intervention de Laurence Tubiana en tant que présidente de Europe climate foundation.
Les side events de ces deux premiers jours ont été particulièrement appréciés comme des lieux d’échanges spécifiques et ciblés.
Compte-rendu- Science, technologie et innovation - session « Advancing science, technology and innovation for SDGs »
Par Ludovic Mollier, Institut de recherche pour le développement (IRD) et Agathe Euzen, Centre nationale pour la recherche scientifique (CNRS)
La session consacrée aux sciences et à la technologie s’inscrit dans la continuité du 3e Science Technology and Innovation for SDGs » qui s’est tenu le 5-6 juin 2018 à l’Organisation des Nations unies. Elle invite à une réflexion sur la place des scientifiques dans la mise en œuvre des ODD. La mobilisation des savoirs scientifiques et traditionnels, tout comme le développement d’approches interdisciplinaires, sont en effet nécessaires à une meilleure compréhension de la complexité du monde qui nous entoure, de ses dynamiques et ses transformations. Observer, mesurer, expérimenter, modéliser, développer des scenarios, sont autant d’étapes pour produire et consolider des données (quantitatives et qualitatives) nécessaires à l’évaluation des risques, la compréhension des processus d’adaptation aux changements globaux, ou encore les changements d’échelles. La production de connaissances, libre et indépendante, essentielle à toute innovation. Elle doit être développée et soutenue dans tous les pays, et davantage encore dans les pays en développement. Pour être viable, le recours aux innovations technologiques suppose d’être adapté à la singularité des contextes et des besoins, gage de son appropriation. Au risque d¹être source d¹inégalités, ces technologies doivent bénéficier à tous et s¹intégrer à une approche globale, régulée, inclusive et intersectorielle. Le transfert de connaissances, nécessaire à la prise de décision, facilitera quant-à-lui un dialogue science-société, science-politique, à tous les niveaux. Cela doit participer à la sensibilisation et la formation de tous pour prendre en charge la mise en œuvre des ODD de façon efficace.
Jour 1 au FPHN
New-York, lundi 9 juillet 2018
Voici comme annoncé quelques nouvelles de la Délégation française au Forum politique de haut niveau (FPHN).
La journée du lundi a été consacrée à l’ODD6, c’est-à-dire aux enjeux de l’accès à l’eau. Le Partenariat français pour l’eau (PFE), dans ses diverses composantes (entreprises, associations, syndicats intercommunalités, le secteur de la recherche) ont été à l’honneur lors de l’intervention de sa directrice Mélisa Cran, depuis le siège de la France.
Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’intervention ici.
Billet - Enjeux liés à l’eau - impact sur les migrations de populations
Par Agathe Euzen, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Alors que la question des migrations est discutée par les États membres de l’ONU, en ce moment même, pour convenir du texte final du Pacte mondial sur les migrations, un side event, « Vanishing Waters and Drying Lands : Impacts on Migration », organisé par l’office des migrations internationales, dans le cadre du FPHN 2018, met l’accent sur les liens entre migrations, environnement et changement global. Avec les sécheresses, les populations ne pouvant cultiver leurs terres et subvenir à leurs besoins alimentaires sont de plus en plus vulnérables et sont obligées de se déplacer, traverser des frontières, pour subvenir à leurs besoins vitaux. Les fleuves transfrontaliers subissent par conséquent des pressions importantes et peuvent être le lieu de tensions fortes pour l’accès à la ressource (entre pasteurs nomades et habitants sédentaires, populations déplacées, migrants, réfugiés...). Leur gestion intégrée et globale est alors fondamentale, non seulement pour la préservation de ces milieux fragiles mais également pour le maintien de la paix et la sécurité dans certaines régions. Comprendre la complexité des contextes est essentiel pour limiter les phénomènes de migrations à toutes les échelles. Parmi les actions pour limiter les migrations saisonnières, ponctuelles ou sur le plus long terme, plusieurs initiatives ont été lancées dans une perspective de prévention et de limitation des flux migratoires. Par exemple, l’initiative 3S, « Sustainability Stability Security initiative », qui vise essentiellement à créer de l’emploi en milieu rural afin de réintégrer les migrants et limiter les risques de radicalisation.
Compte-rendu - Side event « Comment mesurer la pauvreté avec les personnes qui sont laissées de côté »
Par Geneviève Tardieu -ATD Quart Monde- et Ludovic Mollier - Institut de recherche pour le développement (IRD)